Nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec Pierre B. Gourde, fondateur et chef de projet de MétaMusique, une plateforme innovante qui promet de transformer la gestion des métadonnées dans l’industrie musicale québécoise. Dans cette entrevue exclusive, Pierre partage avec nous les défis que MétaMusique cherche à résoudre, les bénéfices concrets pour les artistes et les professionnels de l’industrie, ainsi que les prochaines étapes de développement de la plateforme. Découvrez comment MétaMusique s’apprête à révolutionner la découvrabilité et la gestion des droits musicaux au Québec et au-delà.

1) Quelles lacunes ou problèmes spécifiques dans l’industrie musicale québécoise MétaMusique cherche-t-elle à résoudre grâce à l’utilisation des métadonnées ?

MétaMusique s’attaque à plusieurs problèmes liés aux métadonnées:  leur accessibilité, leur complétude et, surtout leur association.  Une chanson est depuis toujours la rencontre d’une œuvre et d’un enregistrement sonore, mais cette réalité n’est pas encore tout à fait le cas quand il s’agit des métadonnées. Plusieurs œuvres ne sont pas associées à leurs enregistrements, ce qui prive plusieurs créateurs – ou du moins retarde le paiement – de plusieurs centaines voire milliers de dollars. Sans parler de l’impact potentiellement sur la découvrabilité et la « boostabilité » d’une chanson avec des ambiguïtés dans ses métadonnées.

2) Pouvez-vous expliquer comment votre outil d’indexation des métadonnées fonctionne et en quoi il diffère des autres outils similaires disponibles sur le marché ?

Notre outil est différent des autres solutions parce qu’on est un OBNL et qu’on est en relation directe avec l’industrie, les créateurs et artisans pour qui on travaille.  On réunit ensemble les principaux joueurs clés qui sont nécessaires pour relier toutes les métadonnées les unes aux autres et assurer la reconnaissance et les paiements de tous les contributeurs et ayants-doit.

3) Quels bénéfices concrets les artistes québécois et les professionnels de l’industrie peuvent-ils espérer tirer de l’utilisation de cette plateforme ?

Les artistes québécois et les professionnels de l’industrie peuvent s’attendre à plusieurs bénéfices concrets en utilisant MétaMusique :

1. Gain de temps : La plateforme permet de centraliser et d’automatiser la gestion des œuvres et des droits, ce qui réduit considérablement le temps passé sur les tâches administratives. Par exemple, la déclaration des œuvres à la SOCAN et à d’autres organismes se fait en quelques clics.
2. Validation des données : MétaMusique offre des outils de diagnostic et de validation des catalogues, ce qui permet de détecter et de corriger les erreurs avant qu’elles ne bloquent la distribution des œuvres.
3. Transparence et traçabilité : La plateforme permet de documenter précisément qui a fait quoi sur chaque œuvre, ce qui facilite la gestion des crédits et des royalties.
4. Découvrabilité : En intégrant les informations des œuvres dans des bases de données comme Wikidata et Palmarès Pro, MétaMusique augmente la visibilité des artistes sur les plateformes audio en ligne et autres canaux de distribution.
5. Accompagnement et formation : MétaMusique propose des sessions de formation et de l’accompagnement pour aider les utilisateurs à maximiser les bénéfices de la plateforme.

4) Comment envisagez-vous d’intégrer et de collaborer avec les grandes plateformes audio en ligne pour maximiser la visibilité de la musique québécoise ?

Nous envisageons d’intégrer et de collaborer avec les grandes plateformes audio en ligne principalement via les distributeurs. En commençant par des partenariats avec des distributeurs locaux comme Amplitude, nous nous assurons que les informations des œuvres sont correctement transmises et validées. Cela inclut des identifiants comme l’ISWC, qui sont essentiels pour la découvrabilité sur les plateformes audio en ligne.

À terme, nous aimerions établir des connexions directes avec les plateformes audio en ligne pour devenir une source de données autoritaire. Cela permettrait de garantir que les œuvres québécoises sont bien représentées et facilement accessibles sur ces plateformes. Nous travaillons également sur l’intégration de normes DDEX pour structurer les échanges de données, ce qui renforcera notre crédibilité et facilitera les collaborations futures.

5) Quelles sont les prochaines étapes de développement pour MétaMusique, et quels sont vos objectifs à court et moyen terme ?

Les prochaines étapes de développement pour MétaMusique incluent :

Phase 1 : Obligations légales – Finaliser les intégrations pour les déclarations obligatoires (SOCAN, BANQ, etc.).

Phase 2 : Découvrabilité – Connecter MétaMusique à des distributeurs comme Amplitude et intégrer des bases de données comme Wikidata et Palmarès Pro pour améliorer la découvrabilité des œuvres.

Phase 3 : Expansion et standardisation – Travailler sur des connexions avec des plateformes internationales et des normes de données pour faciliter les échanges et la gestion des droits à l’échelle mondiale.

À court terme, notre objectif est d’activer la découvrabilité des œuvres québécoises et de passer des tâches administratives obligatoires à des actions qui augmentent la visibilité et les revenus des artistes. À moyen terme, nous visons à standardiser nos processus et à établir des partenariats solides avec des acteurs clés de l’industrie musicale pour étendre notre portée et notre impact.